En l’an 230 du calendrier humain, une fée manifestement dérangée, même selon les critères des siens vivait dans la Nouvelle Cité. Et elle était dotée de très puissants pouvoirs magiques ce qui fait rarement bon ménage. Elle tenta d’ouvrir une brèche dimensionne reliant la dimension terrestre à la dimension originelle des fées. N’eut été l’intervention du seigneur de Mars, elle aurait réussi. Décapitée ses projets funestes ne purent aboutir mais sur les lieux de sa tentative demeure une fissure dans le ciel, une découpe malsaine et troublante d’où émane une lumière verdâtre et corrompue. Cette lumière est le signe des Noirs Parleurs, qui guettent derrière cette infime fenêtre, sans pouvoir, fort heureusement, l’élargir. Un corps spécial de combattants et de mages issus des quatre domaines, les bréchiers, veille sur les lieux, étudie la brèche, guette tout signe menaçant, et abat quiconque s’en approche trop.

Gigantesque construction de marbre pouvant accueillir des dizaines de milliers de spectateurs sur des gradins recouverts de soie, de coussins et de tapisseries, le Cercle est le lieu où, en des occasions exceptionnelles et graves, les fées les plus éminentes se réunissent pour parler devant le peuple rassemblé et solliciter l’avis de tout à chacun sans que jamais la cacophonie et la violence ne s’abattent, contrairement aux mœurs humaines en ce qui concerne le débat.

Rapporté de la dimension d’où viennent les fées, le Jardin Originel regroupe des merveilles qui ne seront jamais visibles ailleurs. Des arbres pouvant parler, des fleurs géantes pouvant se transformer en dryades, sortes de nymphes ne pouvant quitter le Jardin, des fontaines dont l’eau émet des chants… Malgré toutes ses splendeurs c’est un lieu de mélancolie et de tristesse qui rappelle aux fées ce qu’elles ont perdu, et il n’est malheureusement que peu fréquenté.

Dans un grand bassin taillé dans le cristal rose, les fées peuvent voir les pensées d’autrui. Cela donne lieu à toutes sortes de scène cocasses et dégénère souvent en menaces et en défis, parfois même, en dépit de la convention de non-violence de la cité, en combats. Imaginez, quatre fées passent devant le bassin, chacune pense le pire de l’autre, et voilà que l’eau révèle toutes ces cachoteries. De quoi déplaire !

Une tour immense, sculptée et taillée dans un bloc de cristal gigantesque, créé par magie. Elle s’élève jusqu’aux cieux et est un monument témoignant de l’orgueil sans limite des Seigneurs de la Lune, de Mars, du Soleil et de la Terre. Divisée en quatre points cardinaux, l’intérieur de la tour abrite leurs délégations permanentes où les émissaires des fées les plus puissantes s’entretiennent à toute heure du jour et de la nuit. Et en son sommet, la mythique « Salle des Quatre », où, dit-on, il est arrivé que les maîtres des Domaines se réunissent pour discuter de sujets si graves qu’ils ont préféré les taire au Cercle. Sur ces parois cristallines, d’un blanc opaque, d’immenses sculptures de héros et d’artistes sont gravées, afin que ces fées remarquables restées de l’autre côté lors de l’Exode ne soient pas oubliées…

Il existe dans la Nouvelle Cité une hostellerie où peuvent dormir les fées harassées. Son propriétaire est une fée dont le sexe et l’apparence varie selon les récits, mais qui offre à ses invités une prestation fabuleuse, offrant des récits inconnus de tous ou une ambroisie si bien préparée qu’elle est meilleure qu’à l’ordinaire. On dit aussi que ses jardins sont remarquables. Mais le point intéressant est que la localisation de cet endroit magique ne cesse de changer, et qu’il est pour ainsi dire impossible de la trouver deux fois…

Chaque fée, connue ou inconnue, peut migrer dans la Nouvelle Cité, en théorie. Mais son esthétique ne saurait tolérer ni huttes ni arbres creux, aussi devra-t-elle attendre qu’un mage lui fasse la faveur d’ordonner à des golems de lui construire une magnifique demeure de marbre et de pierreries, contre une faveur immédiate ou future. Inutile de dire que les mages détenant ce genre de talents accordent plus facilement satisfaction aux puissants parmi les fées…