Toutes les fées curieuses de voir la société humaine se gaussent en voyant le palais d’Italica. Il n’a ni la grâce ni la légèreté des constructions féériques mais c’est cependant ce que l’humanité a fait de mieux, il impressionne les mortels en visite depuis la province. L’édifice est un puissant château fort qui abrite une grande salle du trône où le roi rend la justice mais qui sert aussi de salle de banquet et de bal. Un robuste donjon se dresse au centre de la construction, qui abrite les appartements de la famille royale et des courtisans, tandis que de terribles oubliettes souterraines accueillent certains prisonniers politiques et que des thermes ornés de sculptures marines se trouvent à l’est. Enfin, à l’ouest une bibliothèque est accessible et offre quelques livres, tandis que les intendants peuvent former intellectuellement les enfants de la noblesse.

Son nom a beau être plutôt banal ce n’en reste pas la moins l’une des meilleures tavernes de la capitale humaine. Ici les artisans prospères, les rares fermiers non serfs et les soldats viennent manger du gigot délicieusement accommodé et boire une bière de qualité supérieure. Dans un monde où les auberges prêtes à utiliser de la viande de chien ou de rat pullulent, la Cruche fait figure d’exception.

Contrairement aux fées les humains ont une monnaie. Des pièces d’argent, de cuivre et de bronze, et ils pratiquent aussi un truc bien établi où tant de porcs valent telle charrue. C’est sur ce marché, le plus grand de l’humanité, en plein cœur d’Italica, où des centaines de boutiquiers, de commerçants et de servants hèlent le passant à la bourse trop remplie. Et inutile de préciser que les voleurs à la tire, les hommes d’arme du guet violents et les marchands quelque peu malhonnêtes y sont légion.

En contrebas de la cité, derrière la dernière ligne de murailles, se trouve plusieurs grandes dénivellations qui séparent Italica et les collines alentours. Dans ces creux naturels ont poussé des masures, des habitations de fortune et toutes sortes de ruelles sinistres. Les fosses sont l’un des lieux les plus dangereux du monde, quand on est humain, voire même pour une fée isolée qui aurait la mauvaise idée de s’y rendre seule. Des parasites et des criminels sans foi ni loi sont prêts à vous saigner à blanc pour un œuf et jamais le guet ne vient patrouiller dans ces quartiers sinistres.

Si chez les fées chaque immortel dispose d’une demeure conforme à ses goûts au moins dans une certaine mesure, correspondant toujours ou presque à sa nature profonde et la plupart du temps esthétiquement spectaculaire, ce n’est pas le cas des hommes. Si vous habitez à Italica ce peut être aussi bien dans la ville haute à l’intérieur d’une belle maison bourgeoise, que dans une solide mais rustique demeure de bois à base minérale dans la ville basse, jusqu’aux immondes taudis des Fosses. Sans parler évidemment du Palais, qui accueille courtisans et barons de tout poil.