Le Rêve, monde onirique

Sujet: Le Rêve, monde onirique Sam 10 Sep - 0:12

Le Grand Rêve

Le Rêve. C’est simplement ainsi qu’humains et faës parlent d’une des rares choses que les deux espèces partagent, quoique ce soit encore une fois les immortelles créatures qui aient fait naître cette merveille. Merveille oui, et merveille du présent. Dans l’Ancien Monde, avant l’Exode, point n’existait de chose comparable.

Mais qu’est-ce donc que cette merveille ? C’est tout à la fois un autre univers, un reflet de la réalité, et un réseau de communication. Toute créature vivante, quand elle s’endort, peut faire des rêves isolés. Des songes fugaces, souvent incohérents, qu’ils soient bienfaisants ou cauchemardesques, reflets de souvenirs vécus ou situations grotesques. C’est totalement différent avec le Rêve, le Grand Rêve. Il est apparu peu après que les faës soient arrivées sur Terre, on ne sait trop comment. Les plus sages pensent que l’afflux brutal de magie dans l’univers des humains a provoqué une sorte de palpitation dans le tissu de l’univers, qui s’est altéré pour survivre. Quelle que soit la raison, au bout de quelques siècles, les faës se sont aperçues qu’en s’endormant elles pouvaient rêver ensemble.

Mieux. Les plus talentueuses pouvaient garder conscience et s’enfoncer plus profondément dans un monde onirique, le reflet de la Terre réelle. Dès lors il y eut une ruée vers le Rêve et on essaya de tester ses limites. On comprit certaines choses à propos de ce songe collectif. D’abord, il s’altérait naturellement suivant les événements de la Terre véritable. Par exemple si une grande quantité de faës mourraient ou qu’une grande joie était perceptible, le monde des rêves devenait plus sombre ou au contraire plus joyeux.
Ensuite c’était bel et bien la Pensée qui dominait. Le rêveur lucide peut altérer le Rêve autour de lui, transformant les fleurs en rocher, faisant apparaître un singe vert parlant la langue faës… Et si ces fantasmes tendent à disparaître d’eux-mêmes ou sont balayés par les pensées d’un autre Rêveur, il y a encore une chose que les immortels êtres féériques finirent par comprendre. On pouvait, en quelque sorte, figer des sections du Rêve.

L’expérience et le talent inné du rêveur entrent là en compte, et plus ces deux facteurs sont considérables, plus il peut, par exemple, entrer dans le monde des Rêves chaque nuit dans un endroit identique – si tant est que les considérations de lieu et d’espace aient à voir avec tout ceci – et le modeler. L’empêcher d’être sous l’influence d’un autre rêveur, et même le fermer à ceux-ci grâce à une magie bien particulière, la magie onirique, qui se passe de sortilège et ne repose que sur la force de volonté et l’invention de mantras et de routines propres au rêveur. Ainsi il est des faës très âgées, et quelques humains très talentueux, qui contrôlent aussi parfaitement que possible un univers onirique bien à eux, accessible depuis le Grand Rêve seulement avec leur permission.

Car, l’une des premières choses qu’on oniromage peut apprendre, c’est à localiser quelqu’un d’autre dans le monde des rêves, à le trouver. Et, le plus souvent, les deux esprits se rencontrent pacifiquement et partagent un songe. Quoiqu’il soit difficile pour l’humain normal ou la jeune faë d’avoir assez de discipline et de force pour rester inconsciemment dans le Rêve et le partager avec autrui sans perdre le contrôle et sombrer dans des songes sans significations, hors du rêve. Et ce qui est plus difficile encore, c’est de modeler le rêve pour en faire une arme.

C’est en effet possible : quelques individus très âgés ou très talentueux, ou les deux, ont compris qu’avec les mantras et les pensées appropriées, en y mettant suffisamment de force, on pouvait s’introduire de force dans la parcelle de Rêve d’autrui, ou bien encore matérialiser un singe vert, comme mentionné tantôt, mais qui cette fois pourra faire mal dans le monde du Rêve et provoquer des dégâts bien réels. Cependant un tel contrôle du Rêve pour une telle fin reste difficile, comme si ce monde onirique refusait de participer à la violence, et les individus susceptibles d’être ciblés par une telle malveillance experte ont souvent appris à se protéger, car il est bien plus aisé de se défendre que d’attaquer dans ces douces et fantasmatiques contrées, auxquelles on accède la plupart du temps par le sommeil mais où l’on peut parvenir via des transes méditatives à force de pratique.

Si nous avons surtout parlé des faë, il faut évidemment mentionner l’aspect le plus intéressant du Rêve. Les humains y ont également accès. Cela ne fait que six ou sept de leurs siècles que le phénomène a commencé à se répandre, à la grande surprise des faë. Des mortels dormaient et, sans vraiment le vouloir, arrivaient à accéder au Rêve. Et certains même avaient un grand talent de modélisation et de structuration de cet univers onirique. Pourquoi, comment ? Les humains se sont imprégnés de la magie ambiante ce qui leur a donné cette capacité, pensent beaucoup des faë.

Et en fait, force est de constater que bien des mortels ont en fait une plus grande aptitude à Rêver et à y bâtir des constructions imaginaires durables que les faë. Pourquoi ? La vie des faë au quotidien est peut-être trop proche du Rêve, ou la mortalité donne une prédisposition à imaginer autre chose… qui sait ? Cependant si le talent des humains joue en leur faveur, l’immortalité des faë a engendré des experts qui ont accumulé une telle expérience qu’on imagine mal les hommes les rattraper, sans compter qu’étant plus nombreuses, il y a sensiblement plus de faës avec le potentiel de rêveuses que d’humains. Toutefois, c’est un domaine où les mortels peuvent ne pas rougir devant les immortels, et ce n’est pas si fréquent.

Hommes et faë vivant en des lieux différents, le Rêve a tendance à les séparer et il est rare de voir mortels et immortels partager un songe commun. Quelques fois ils se croisent par hasard – et même, aussi bizarre que cela puisse paraître, se cherchent dans certains cas – ce qui donne le plus souvent lieu à une esquive mutuelle, mais quelques fois aussi à de subtiles railleries sous la forme de double illusoire ridiculisé et autres fanfaronnades – l’humain n’allant cependant en général pas trop loin de peur d’être retrouvé dans la réalité.

Tel est le Grand Rêve. Merveilleux, offrant d’infinies possibilités, mais aussi reflet des querelles du monde réel.

Jawilsia sur Never Utopia

Rechercher

Résultats par : Messages Sujets
Recherche avancée